J'aime le samedi matin.
Aujourd'hui il fait un temps radieux, le soleil, timide ces derniers jours, a décidé de se montrer aimable en nous réchauffant de ses doux rayons, je suis en tenue action, jogging et chaussures de sport, hihi, moi qui n'aime pas trop les jeans . . .
Je prends mon cabas le fixe sur ma bicyclette puis j'emprunte le chemin pierreux le long de la rivière qui va de mon village à Laval.
L'air, encore doux, fait voleter mes cheveux, je croise une famille tout sourire, père et mère transportant chacun un enfant hilare sur leur porte-bagage,j'ai le sentiment de filer comme le vent . . . Je finis la route à pied non sans avoir au préalable, attaché consciencieusement mon vélo près de la Halte Fluviale encore déserte.
Je traverse rapidement la place de la mairie, de nombreux chalands vantent bruyamment leurs produits en ponctuant leur discours de gestes vifs et exagérés, quelques groupes de badaux se forment ça et là pour les écouter puis passent leur chemin.
Je monte une rue à forte pente qui mène au marché aux fruits et légumes, la foule est plus dense, un air d'accordéon sort d'une sono antédiluvienne.
Une gentille grand-mère tente de tenir la main de sa petite fille tout en tirant avec difficuté un petit chariot de toile; une jeune femme, une liste d'achats à la main, cherche l'étal le plus attrayant.
Des planches couchées sur des tréteaux supportent des fruits et des légumes de saison, mes yeux sont émerveillés par la palette de couleurs qui leur est proposé, des cris, des rires, des conversations, des boniments fusent de partout, tous mes sens sont en éveil, la vie est si belle . . .
J'ai mes habitudes, sans hésiter je me dirige vers mon producteur préfèré, il parle à un homme qui semble hésiter, visiblement celui-ci cherche l'aide d'un expert, hihi, sans doute serait-il plus à l'aise chez un mécanicien.
C'est mon tour, j'ai déjà repéré ce que je veux, des "mange-tout" hmmmmm, des radis au goût fin et poivré, une salade épanouie et fraîchement coupée, des odeurs délicieuses me parviennent, des épices, du fenouil, de la menthe . . .
- Et la ptite demoiselle é veut quoi?
Je sursaute, et me tourne vers lui, il porte des lunettes aux verres énormes cerclés de montures d'acier, ses mains sont tachées et ses ongles sont en deuil, il porte un tablier vert sur lequel il s'essuie, il me reconnaît et me sourit, du doigt je montre tour à tour ce que je veux, il acquiesce, hoche gauchement la tête, me conseille.
Mon panier commence à peser lourd, celà suffira pour aujourd'hui.
- Tenez , mademoiselle, prenez ces fleurs . . . cadeau . . . Je lui souris en le remerciant.
C'est ainsi chaque samedi.
Je passe devant un étal, le vendeur me propose une cannette, bonne idée . . .
Demain je vais cuisiner un tit canard aux navets . . .
Et samedi prochain?