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- Mademoiselle . . .
- Oui ?
- Si les anges existaient je jurerai que vous êtes l’un d’entre eux . . .
Voilà un compliment agréable à l’oreille bien qu’assez convenu, la voix est masculine, profonde et mélodieuse . . .
Je me retourne et regarde le garçon qui s’adresse ainsi à moi, il est très grand et élégant malgré sa tenue vestimentaire qui est ici de rigueur.
Son visage aux traits fins et fragiles est illuminé par un sourire éclatant et chaleureux exprimant à la fois une joie de vivre démesurée et une infinie bonté.
Je chancelle, mon cœur s’emballe . . . Ses yeux d’un bleu céleste ne me fixent pas, ne s’attardent pas, semblent m’appréhender dans ma totalité puis, soudain, rencontrent mes yeux.
J’ai l’impression de ne plus m’appartenir, le feu du ciel vient de s’abattre sur moi, moi qui suis d’ordinaire si diserte, je reste muette, les mots soleils qui fulgurent dans mon crâne ne parviennent pas à passer la barrière de mes lèvres . . .
Le sol se dérobe sous mes jambes, ma main encore appuyée sur le bec de canne de la porte hésite . . . Ouvrir et fuir dans le couloir, oui, c’est cela, m’envoler, c’est si facile, il me suffit de le vouloir . . .
Mais, je suis figée, je ne peux m’empêcher de regarder ce jeune homme qui paraît s’amuser de mon trouble, je prends soudain conscience de ma situation, je frémis, je ne me sens nullement en danger, je referme cependant soigneusement ma robe de chambre, il rit :
- N’ayez pas peur, Mademoiselle . . . Euh . . . Mademoiselle ?
- Laureline . . . (J’ai chuchoté, j’ai la gorge nouée)
- Moi, c’est Xavier . . . Je vous vois passer tous les jours pour vos soins, jusqu’à aujourd’hui je n’avais pas trouvé le courage de vous aborder . . .
- Vi . . . (Lala, que répondre à cela ?)
- Voulez-vous que je vous accompagne jusqu’à votre étage ?
- Vi . . . (Lala, de mieux en mieux, quel sens de la répartie)
Je me sens sotte, je trotte à ses côtés pour suivre ses grandes enjambées, il s’en aperçoit et ralenti, je lui tends un malheureux sourire.
- Alors c’est là qu’est votre chambre ?
- Vi, (Le ridicule ne tue pas tsssss, il va me croire demeurée)
- Ai-je l’autorisation de venir vous chercher ce soir ? J’aimerais vous présenter à quelqu’un . . .
- Vi, Vi, (Il y a du mieux, hihi, je vais finir par faire une phrase)
- C’est joli comme prénom, Laureline . . . Presque aussi joli que celle qui le porte avec tant de grâce . . .
- Merci, c’est gentil . . . (Trois mots ! quel talent !)
Il me laisse sur le pas de ma porte, je le regarde s’éloigner, j’ai le visage empourpré, je suis tétanisée . . .
Je pousse ma porte et la referme aussitôt, je me sens étonnement libre et heureuse, si heureuse . . .
Voilà, à présent je suis seule dans ma chambre, mon cœur bat la chamade, il me tarde d’être plus âgée de quelques heures . . .
Je décroche mon téléphone, il faut que j’en parle à Maman . . .
Je vous conterai la suite plus tard . . .
Laureline