LUDWIG VAN B. (IMMORTAL BELOVED) -- de Bernard ROSE (1994)

A la mort de Beethoven, en 1827, son ami et exécuteur testamentaire, Anton Schnidler (interprété par Jeroen Krabbe) découvre un testament annulant tous les précédents, dans lequel le compositeur exprime son intention de léguer tous ses bien à son "immortelle bien aimée". Contre l'avis de la famille du musicien défunt et notamment le frère de ce dernier, Schindler entreprend de retrouver cette mystérieuse et accomplir ainsi la volonté du Maître. Pour cela il va mener une véritable enquête.

C'est un film que j'apprécie de revoir. Pour son ambiance. Pour son atmosphère et pour l'aspect historique de l’œuvre, très bien représenté, sans fausses notes, puisque l'on découvre la vie "secrète" de l'un des plus grands musiciens de l'histoire européenne.
Il est très intéressant de suivre cette passionnante enquête, ponctuée d'entretiens et de flashbacks, qui nous amènent à retracer la vie de Beethoven, quasiment de son enfance à ses funérailles. Des funérailles qui, d'ailleurs, servent de point de départ au métrage puisque tout commence là.
Le film est conçu comme une mécanique qui agit à rebours et une sorte de puzzle où, à partir d'éléments donnés par les différentes rencontres, on reconstitue, peu à peu, la vie et la personnalité du compositeur.
La surdité de Beethoven est clairement un élément du film puisqu'il nous est montré comment il vivait avec ce handicap et que, malgré les difficultés que pouvaient constituer un tel frein à la création, surtout lorsque l'on est musicien, Beethoven parvenait à les surmonter et trouver en lui-même, dans ses souvenirs, la force de réaliser ses plus belles compositions.
On comprend ainsi mieux la personnalité parfois étrange et complexe de l'artiste, qui, comme tous les artistes, peut nous sembler torturé, aigri, amer mais qui s'explique par la souffrance. Est-ce qu'il est nécessaire de souffrir pour trouver l'inspiration ? Toute la question est là. Concernant Beethoven, c'est au-delà de son handicap, sa marginalité qui lui donnait cette force et cette énergie créative, faisant fi des conventions pour réussir ce qu'il entreprenait.
C'est un film qui, selon moi, se comprend davantage sur le fond que sur la forme. Même si les images sont agréables, elles ne sont pas marquantes mais, au contraire, plutôt classiques. En revanche, la prestation de Gary Oldman est époustouflante ; comme si le rôle avait été taillé pour lui, nous livrant un "double" presque à son image de Beethoven.
Un grand film, une grande œuvre de cinéma, qui est susceptible de plaire aux amateurs de "grande musique" mais aussi aux esthètes de tout ordre. Sans forcément être un chef-d'oeuvre du genre, le film est une très belle et originale production qui, non seulement, nous offre à méditer sur la vie de Ludwig van Beethoven mais aussi, plus largement, sur la question de l'art et notamment de la création vis-à-vis de son créateur.

Je lui mets 8 / 10.