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Les années Pompadour

Admin | Publié le ven 16 Juin - 15:25 | 3709 Vues

Jeanne-Antoinette Poisson, née à Paris en 1721, était la fille naturelle d'un fermier général, Lenormant de Tournehem et de la femme d'un munitionnaire aux armées, François Poisson, qui dut s'expatrier pendant huit à la suite d'une accusation de malversation portée contre les frères Pâris, banquiers, dont il était le commis et contre lui-même. 

A l'âge de neuf ans, elle fut confiée aux bons soins des Ursulines de Poissy qui firent son éducation. Elle ne sortit du couvent dans sa vingtième année que pour épouser le fils d'un trésorier général des Monnaies, Lenormant d'Etioles. 

Sa beauté blanche, son admirable chevelure châtain clair, sa physionomie mobile et expressive, son intelligence, sa conversation, l'avaient fait paraître avec éclat dans le monde des financiers et des traitants.

Le château d'Etioles était voisin de la forêt de Sénart où le roi Louis XV venait souvent chasser.

Le roi, dont elle avait attiré l'attention, la retrouva dans la grande galerie des glaces à Versailles lors du bal des ifs le 22 février 1745 puis au bal masqué donné à l'hôtel de ville à l'occasion du mariage du Dauphin. Elle eut bientôt fait de gagner les sympathies du monarque.

Son mari, menacé de la Bastille et déporté à Avignon, reçut finalement une compensation lucrative et se tint coi. Alors commença, en France, ce que le roi de Prusse, Frédéric II, qualifiait de "règne du cotillon".

La favorite, faite marquise de Pompadour en 1745 puis duchesse en 1752, dominait entièrement Louis XV du moins tant que dura la passion du roi. Elle l'amusait par son esprit, le conduisit dans des châteaux magnifiques qu'elle se fit construire ou aménager et ferma les yeux sur les vilenies du Parc-aux-Cerfs.

Elle gouverna réellement la France, ne laissant approcher du roi que ses créatures, choisissant les ministres, désignant les généraux, orientant la diplomatie. A son frère, Abel-François Poisson, marquis de Marigny, elle fit donner la charge en survivance de directeur général des bâtiments royaux que possédait son père. 

Cette petite bourgeoise coquette et ambitieuse avait toutes les grâces, toutes les qualités mais aussi toutes les faiblesses d'une femme. Son orgueil fut le ressort de sa conduite mais, une fois satisfaite, une fois installée à la Cour dans son rôle de favorite, qui jusque-là avait été l'apanage de la noblesse, s'y montra pleine de tact et de mesure. Elle n'avait pas une nature vile ni vindicative ; elle savait écarter ses ennemis sans dureté. 

Celle que l'on surnommait la "caillette du Roi" ne fut pas déplacée à Versailles.

La société de Mme Geoffrin, du cardinal de Bernis ou encore de Gontaut l'avaient familiarisé dans l'art de la conversation ; celle de Crébillon, Voltaire ou de Jélyotte avaient formé son goût littéraire et musical. Elle aimait les arts et les arts lui doivent beaucoup. Elle ne créa pas le style auquel on a donné son nom mais elle refléta de la manière la plus heureuse l'évolution artistique de son temps. Elle fonda la manufacture de Sèvres et les écrivains comme les artistes trouvèrent auprès d'elle un constant appui.

Elle sut se maintenir à la Cour malgré les obstacles que rencontraient sa passion pour le roi. Son orgueil, son ambition restaient toujours vivaces. Elle sut montrer à la reine une déférence qui la toucha et hormis ses dépenses scandaleuses, il convient, somme toute, de la traiter aujourd'hui avec indulgence.

Le prince de Croÿ

"Puisqu'il en fallait une, on était plus content de celle-là que des autres, dont on aurait craint pis."

 Le moment vint où elle ne fut plus l'amie et la conseillère du roi et elle joua alors un rôle nouveau. Elle prit un maintien plus grave et affecta les apparences de la dévotion.

Elle mourut en avril 1764. Après l'absoute, par un orage épouvantble accompagné d'un vent terrible, le cortège funèbre traversait la cour pavée du château de Versailles et passa devant les appartements du roi. Celui-ci, débout à la fenêtre, le fixa tristement. Sitôt passé, Louis XV, en larmes, regarda son premier valet Champlast et lui dit :

Louis XV

"Voilà les seuls devoir que j'ai pu lui rendre."

 

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