Gimdolf_Fleurdelune Immortel-Fondateur
Date d'inscription : 06/11/2004 Nombre de messages : 81100 Age : 50 Localisation : Pays de Montbéliard
Feuille de personnage Personnage historique préféré: Châteaubriand Déteste: la méchanceté, l'hypocrisie, la médiocrité, le populisme et les cons Aime: l'histoire, la littérature, les voyages, la musique, le cinéma et la bière
| Sujet: Un soir de cuite (Chronique d'un désoeuvré) Mer 14 Déc - 14:27 | |
| Un soir de cuite
Voilà. Minuit s'affiche à la pendule, les aiguilles dansent dans la pénombre.
Mon cerveau imbibé d'alcool et engourdi par l'opium, je m'affale dans mon fauteuil, avachi, serrant une bouteille de bourbon à moitié vide contre mon torse.
J'ai l'haleine puante qui ferait fuir une mouche et mes sphincters ont lâché.
Je me suis défequé dessus. Je ne trouve rien d'autre à faire que rire bêtement comme un enfant pris en faute. Un épais brouillard voile mes yeux et je me sens planer comme dans un lit de coton.
Mon cerveau tangue.
C'est comme si je tombais dans un trou sans fond. Il n'y a plus rien que la nuit. Mes repères s'estompent. J'ai l'impression que plus rien n'existe ; ni le temps, ni la vie, ni même la mort.
J'ai oublié la souffrance. Je suis bien. Heureux.
Pourtant, non, je suis encore bien vivant. Je suis là, dans mon fauteuil, à rire comme une chèvre. Je pose ma bouteille sur le guéridon. Mon dieu, je pue la merde et le vieux whisky. Je suis couvert d'excréments et de vomissures.
Saisissant un couteau dans la cuisine, je monte quatre à quatre les escaliers pour me rendre à l'étage où ma grognasse de bonne femme dort dans notre chambre. Quelle salope. Elle est là dans son lit, c'te grosse vache, ronflant comme un sonneur. Diable, qu'elle est moche, grasse, adipeuse et tartinée dès le réveil comme une vieille pouffiasse sur le retour. Et là, sur cet oreiller froid, avec rien sur la tronche, elle ressemble vraiment à un gros veau.
J'ai la haine. Je sens monter en moi la rage. Je lève mon bras tenant le couteau et l'abat sur le corps endormi de ma femme. Je la plante de toutes mes forces. Je la replante. Encore, encore encore...
Je la plante jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une bouillie de chairs sanguinolentes et que ses tripes se répandent sur les draps dans une odeur infecte.
Je souris. Je suis heureux. Enfin, je l'ai crevé pour de bon la vieille vache !
Elle ne viendra plus m'emmerder. Enfin, je suis libre. Plus jamais, non, elle ne me chiera plus dans les bottes. Je suis libre. Libre. Libre !
Pris de frénésie, je balance la tête d'avant en arrière en riant aux éclats. Je sens que je tombe à la renverse. Je m'écroule. Je m'évanouis. Quand j'ouvre à nouveau les yeux, c'est pour constater que je suis simplement tombé de mon fauteuil et qu'à côté de moi se tient ma grosse vache d'épouse en peignoir. C'est elle qui m'a secoué pour que je me réveille. Et je suis tombé.
J'ai droit à l'engueulade sévère. Elle confisque ma bouteille. Elle est vide, de toute façon. Je suis là, comme un con, en train d'écouter ma bourgeoise me sermonner. Dans mon for intérieur, j'enrage. Putain, c'était juste un rêve...
Il y a des jours, comme ça, où l'on aimerait que les rêves soient vrais. Surtout, les soirs où l'on rentre d'une cuite en solitaire ... | |
|