Le Prince

Et s'il se drapait parfois dans son silence
C'était pour mieux couvrir sa dignité
Être nu à son âge, ne plus avoir d'amis,
Abandonné de tous, il s'en allait
Errant parmi les ombres
Tel un marginal, solitaire

Il se sentait coupable d'avoir trahi
Son honneur et ses idées
Peut-on encore croire en quelque chose
Quand tout s'effondre autour de vous ?

Quand vous ce que vous avez appris à croire
Se trouve, d'un seul revers de l'opinion publique,
Balayé, évacué, ne correspondant soudain
Plus à rien ?

Quand vous vous êtes battu pour rien
Et que sonne le glas de vos espérances ?

Il ne lui reste plus un centime, pas un gramme,
Il est vidé, comme anéanti
Et il erre parmi les visages glacés
D'une humanité qu'il ne reconnait plus

Il cherche un signe, un mouvement,
Mais plus rien n'a d'importance, il le sait ;

Dans ce monde où tout à été détruit
Où la vie même s'enfuit,
Où les sentiments sont désormais chose morte,
Où le marketing a remplacé l'amour,
Il ne compte plus les défections
De ces hommes que l'on disait "nouveaux"
Et qui ne sont rien que des robots

Est-il le seul cœur léger et rempli d'amitié
Dans cette société aux esprits si abaissés ?

Il a longtemps marché, n'a plus envie de convaincre
Il ne veut plus juger et condamner lui fait trop mal

Alors il s'en va, déterminé à suivre un autre chemin,
Son chemin
Tournant le dos à cette civilisation en ruines
Et priant Dieu - ou ce qu'il en reste - que d'autres daignent le suivre
Ou sinon ... tant pis.