Le Chant d'Elune

Jadis, il y a bien des siècles écoulés, en ces temps où les hommes croyaient encore aux fées, on raconte qu'il existait là-bas, au-delà de l'horizon, le mythique pays d'Elune.
Nul aujourd'hui ne peut certifier que cette contrée ait bien existé, nul ne garantira que mon récit soit vrai, pourtant comme nombre de voyageurs, j'ai jadis connu la gloire et je pourrais témoigner ici, jusqu'au bout de la nuit, de mes exploits passés.
Je me souviendrais toujours de ces collines verdoyantes, de ces forêts épaisses et impénétrables, peuplées de gobelins et de korrigans, et les montagnes aux nains, les sources des nymphes. Je me souviendrais toujours de cela, moi qui suis né dans la boue d'un misérable village et qui n'ai connu des premières années de ma vie que la compagnie des porcs.
Je n'étais pas fait pour vivre au milieu des esclaves et c'est pourquoi je me suis enfui. Des Elfes m'ont recueilli, tout grelottant, transi de froid et m'ont amené à moitié mourant dans l'un de leurs sidhes au milieu des collines.
C'est là que j'ai appris leur nom et leur histoire. C'est là qu'ils m'ont enseigné les secrets de la nature. Parce que j'avais le cœur pur et l'âme claire. Ils m'ont alors, après sept années passées en leur compagnie, renvoyé chez les humains, mes frères de race. Mais quand on a goûté au nectar on ne peut plus se suffire d'un vulgaire brouet de glands. Alors je me suis exilé à nouveau, armé de mon arc et d'une épée. J'ai marché sur bien des chemins, affrontant ogres et brigands, jusqu'à découvrir enfin le pays d'Elune où coulaient des rivières de miel et où le soleil était aussi ardent qu'un champ de blé.
Et je suis resté. Ils m'ont accueilli en leur sein parce que, bien qu'humain, j'étais devenu l'un des leurs. J'étais un demi-elfe par l'esprit, humain par le sang mais mon cœur était bien plus innocent qu'un nouveau né.
C'est pourquoi, aujourd'hui, je chante la gloire du pays d'Elune...