L'acier d'abord par elle puis par moi

L'acier,
L'acier qui déchire les chairs, l'acier qui entaille, l'acier qui taille, l'acier qui hache, l'acier qui arrache, l'acier qui tranche, décapite, transperce, fouille les ventres et les âmes, l'acier qui méprise, impose, asservit, domine, humilie, sacralise. L'acier qui ne brille qu'à l'instant de tuer, éclair violent qui nie la vie et l'amour, éclair noir qui obscurcit l'avenir des hommes, qui maintient l'humanité dans ses langes ensanglantés . . .
Lame fines et luisantes qui ont rompu le fil de tant de vies, vous n'avez de beauté que celle qui vous est donnée par la bête qui jamais en nous ne sommeille . . .
Cet acier qui jamais ne propose, qui jamais ne guérit, qui jamais n'apaise les souffrances ni même ne les abrège, cet acier qui jamais n'amène un sourire sur les lèvres des enfants . . .
L'acier des armes et des puissants, qui aime le goût du sang, l'acier des armes et des puissants, qui construit les jougs sous lesquels hommes et femmes pacifiques courbent le dos depuis la nuit des temps, l'acier des armes et des puissants qui soumet les justes et les purs . . .
Acier des coutelas, des épées, des canons, des bombes, acier des chars, acier des avions de guerre, des navires de guerre . . .
De guerre lasse j'attends l'acier salvateur de la faux qui mettra un terme à ma vie . . .

Blue



mon acier à moi c'est celui des hommes
le bois la pierre sont matières brutes et naturelles
la main les façonne mais point ne les transforme
mon père a forgé l'acier et en garde les séquelles
pour cette lame parfaite une brûlure cruelle
pour ce couteau de table une vilaine cicatrice
ces objets usuels naissent en gerbes d'étincelles
l'artisan fait du beau du solide sans paille ni vices
des manches en ébène ou en corne du brésil
des mitres des soies pas de matières viles
l'acier de nos ancêtres sert chaque jour
a couper le pain ou a tailler le bois
point d'armes des ustensiles fabriqués avec amour
qui feraient sans l'ombre d'un doute le plaisir des rois

Phil